Die für uns wichtigsten Aspekte der Dinge sind durch ihre Einfachheit und Alltäglichkeit verborgen. (Ludwig Wittgenstein, Philosophische Untersuchungen, § 129)
J’ai été tentée d’intituler cette conférence tout simplement «La conversation, cette inconnue». Car c’est de cela que je souhaite parler: de la conversation, en tant que forme fondamentale d’interaction sociale. En raison de son ubiquité, de son omni-présence dans notre vie privée et publique, la conversation nous paraît familière, bien connue, et par là peut-être peu propice à faire l’objet d’une investigation scientifique, et encore moins d’une conférence de l’Académie. Au regard du chercheur qui s’aventure à l’étudier, toutefois, la conversation révèle sa nature complexe. Elle offre un terrain unique pour interroger les mécanismes langagiers, cognitifs et sociaux qui fondent les conduites humaines. Cette conférence est consacrée à la conversation et à d’autres formes de la parole-en-interaction: parole non pas individuelle, mais coordonnée, conjointe, mutuellement orientée, faisant l’objet d’une adaptation réciproque. Parole qui est une forme d’action sociale, un processus en constant accomplissement, qui change à travers son usage et qui se transforme en fonction de ses contextes situationnels. Des moments élémentaires de notre vie sociale et intellectuelle s’ancrent dans ce processus. La construction de rôles, de relations de pouvoir, d’identités, ou encore de parcours d’apprentissage et de raisonnements pratiques reposent sur des déroulements interactifs dotés d’une étonnante systématicité – une systématicité que John Heritage (1984) qualifié d’architecture de l’intersubjectivité.
