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Fière d’être une Lettreuse

Camille Jaquinet, stagiaire ASSH

Réflexion autour d'un parcours académique et de l’intérêt des études de Lettres.

Pourquoi étudier les Lettres ? Cette question m’a accompagnée durant mes cinq années d’études universitaires. Les études en sciences humaines et sociales ne sont que trop souvent dénigrées, parfois même incomprises, ce qui finit par influencer même les plus convaincu·e·s des étudiant·e·s. Cerner le sens de mes études a mis du temps, mais je suis aujourd’hui fière de mon parcours académique, fière de ce qu’il m’a apporté et fière d’être une Lettreuse.

Faux départ

Issue d’une famille d’universitaires, le gymnase s’est vite imposé à moi comme une évidence, sans vraiment réfléchir à « l’après ». Avec l’approche de la fin de cette première grande étape est venue la pression de l’inscription fatidique à l’université. Comme beaucoup, j’ai oscillé entre toutes sortes de carrières possibles : de cheffe cuisinière, à archéologue, en passant par juge, avocate, et j’en passe. Tous ces méandres intellectuels m’ont finalement conduite à la médecine.

Lors de mon premier jour, le verdict tombe : « bienvenue à vous, les scientifiques ». Ces mots m’ont traversée tel un électrochoc : mais moi je suis une littéraire... pas une scientifique ? À la fin de mon premier semestre, je me suis donc remise en question. Déshumanisée dans un auditoire de 500 personnes, forcée à ingurgiter des kilos d’information, menée à appliquer les lois de la physique pour démontrer comment fonctionne un réfrigérateur, j’ai compris que j’avais fait fausse route. Les études rassurantes de médecine, qui mènent au métier éponyme de médecin, n’étaient en fait pas pour moi. 

Reconversion estudiantine

J’ai donc opéré un virage à 180° et me suis tournée vers l’inconnu que sont les études de Lettres, en anglais, histoire de l’art et psychologie. Ce choix fut d’ailleurs souvent questionné, a priori manquant de logique. Mais là est justement la beauté de ces études : la liberté offerte dans la création du cursus permet à l’étudiant·e la possibilité de poursuivre ses intérêts dans différents domaines et de laisser libre cours à ses envies. Et au final, trois branches qui de prime abord suivent des chemins divergents, finissent en réalité par se croiser et se recroiser à différents endroits, traitant somme toute d’objets de savoir similaires. Cette multidisciplinarité m’a été grandement bénéfique car elle m’a poussée à toujours garder un esprit ouvert, à faire des liens et à m’adapter.

Esprit instruit, critique et synthétique

En termes de compétences, qu’est-ce que mes études m’ont apporté ? J’ai accumulé un bagage culturel important, sur des sujets aussi divers que variés, allant des nouvelles dystopiques au lien du langage et des relations de pouvoir, en passant par les langues en danger. Au travers de mes cours, en écrivant des dissertations et en concevant des présentations, j’ai développé un sens critique aigu, tant envers le travail des autres qu’envers le mien, qualité essentielle permettant de trier ce qui est pertinent de ce qui ne l’est pas. J’ai également acquis un esprit de synthèse ainsi que de bonnes aptitudes communicationnelles, autant à l’écrit qu’à l’oral. Grâce à mes études, j’ai donc acquis et développé plusieurs soft skills, aujourd’hui indispensables sur le marché du travail. 

L’apport des Lettres

Les études de Lettres forment des êtres à l’esprit flexible, dotés d’une forte capacité à la remise en question et à l’adaptation, ainsi que d’un intérêt développé pour des domaines variés. Les étudiant·e·s en Lettres savent exposer leurs idées de manière claire et précise et savent mettre à profit les savoirs acquis, pour mieux appréhender le monde qui les entoure et être moteur de changement. Ils et elles sont hautement compétent·e·s, et peuvent se targuer d’être compétitifs et compétitives sur le marché du travail : il est donc temps de se montrer fier d’être des Lettreux et Lettreuses.