Details

La consommation : l’enfant terrible de la politique suisse de durabilité

Heinz Nauer | Traduction de l'allemand: Arnaud Gariépy
Durabilité

Alors qu’un second rapport national est sorti sur l'état d'avancement des objectifs de durabilité de la Suisse, des voix s’élèvent pour une action politique et publique plus énergique.

La science, l’économie, la politique et l’administration sont majoritairement d’accord : leur chemin doit mener à un développement durable. L’Agenda 2030, adopté par l’ONU en 2015, est largement accepté comme ligne directrice. La Suisse présente maintenant son deuxième rapport national sur la mise en œuvre. Ce rapport, qui paraît tous les quatre ans, a pour objectif de « remettre en question de manière autocritique les lacunes de la mise en œuvre ».

La Confédération veut également s’évaluer sur le nouveau site Internet www.sdgital2030.ch. Depuis début mai, des évaluations relatives à chacun des 17 objectifs de développement durable et aux 169 sous-objectifs de l’Agenda 2030 y sont publiées et actualisées en permanence. Outre la Confédération, des cantons et des communes ainsi que des acteurs de la société civile, de l’économie et de la science ont participé à cet état des lieux. Le suivi des objectifs et des spécifications de l’Agenda 2030 dans le contexte suisse est mesuré à l’aide du système d’indicateurs « Monet 2030 », développé par l’Office fédéral de la statistique.

Suisse : moins de gaz à effet de serre, plus de déchets urbains

L’Agenda 2030 est également un cadre de référence important pour l’ASSH. Depuis 2021, elle se concentre sur le 12ème objectif de développement durable « Consommation et production responsables ». L’ODD 12 est l’un des points noirs de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 en Suisse. Le rapport national dresse un bilan mitigé en ce qui concerne cet objectif pour notre pays. Ainsi, l’empreinte des gaz à effet de serre par personne (- 22 %, fig. 1) et l’empreinte matérielle par personne (- 8 %, fig. 2) ont certes diminué entre 2000 et 2019. En revanche, les déchets urbains ont augmenté de 29 % sur la même période (pour une augmentation de la population de 20 %, fig. 3). L’une des conclusions du rapport fait ainsi remarquer que: « Malgré des gains d’efficacité, la Suisse est aujourd’hui loin d’une utilisation durable des ressources ».

Le groupe d’accompagnement de l’Agenda 2030 critique le rapport national

Le groupe d’accompagnement Agenda 2030, mis en place par la Confédération en 2015 et composé de représentants des milieux scientifiques, économiques et de la société civile, ne ménage pas ses critiques à l’égard du rapport national. « D’une manière générale, le groupe d’accompagnement a l’impression que l’accent est mis sur la comptabilisation des prestations et moins sur l’énumération des défis », commente-t-il. Sur cette base, il est difficile d’estimer si la Suisse est sur la bonne voie ou non pour les différents objectifs. De plus, l’Agenda 2030 « n’est guère entré dans les mœurs politiques » et n’est que peu discuté au Parlement.

Un réseau de recherche sur la consommation durable

Le rapport national et les publications qui l’accompagnent montrent clairement que les solutions technologiques ne suffiront pas à elles seules pour atteindre les objectifs de durabilité en matière de consommation et de production d’ici 2030. C’est pourquoi la Confédération et 17 autres acteurs estiment que le sous-objectif 12.8 « Promouvoir la prise de conscience générale des modes de vie durables » est important et urgent.

Les sciences humaines et sociales peuvent justement apporter une contribution essentielle à l’évolution des styles de vie et des mentalités. Par exemple, en analysant les actions durables non pas comme des décisions individuelles, mais comme des pratiques sociales, et en fournissant ainsi des bases pour des interventions de changement, ou en réfléchissant à la compatibilité des mesures avec les institutions de la démocratie (directe). En 2021, l’ASSH a fait un premier état des lieux des contributions des sciences humaines et sociales et a publié le dossier « Consommation: vers une transformation durable? » Une autre publication et un atelier sont en préparation.

L’ASSH met en place un réseau de chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales qui s’intéressent au thème de la consommation durable ou qui mènent déjà des recherches dans ce domaine. Si vous souhaitez faire partie de ce réseau, contactez Elodie Lopez, collaboratrice scientifique à l’ASSH (elodie.lopez(at)sagw.ch) et abonnez-vous à l’« Infolettre consommation ».

Aucun article trouvé.