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Les facteurs d’impact remis à leur juste place dans l’encouragement des carrières

Heinz Nauer

À l’avenir, toute personne soumettant une demande au Fonds national ne devra plus préciser les facteurs d’impact.

Fin juillet, le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) a publié les dernières conclusions des études bibliométriques qu’il mène régulièrement sur la recherche en Suisse. On peut lire ainsi dans le dernier rapport que d’après l’impact moyen des publications de ses chercheuses et chercheurs, la Suisse arrive juste derrière les Pays-Bas et le Royaume-Uni, ce qui la place au troisième rang mondial, tandis qu’en valeur absolue, c’est-à-dire d’après le nombre de publications par habitant, elle se classe même en première position. Les éditeurs ne manquent cependant pas de pointer les limites de cette analyse bibliométrique, en indiquant que les sciences humaines, tout particulièrement, se soustraient à ces méthodes. Monographies et livres n’entrent ainsi pas dans le décompte, qui ne prend guère en compte non plus les publications en langue autre qu’anglaise.

Ces dernières années, le primat de la bibliométrie et des différents facteurs d’impact dans l’évaluation de la recherche a été vivement remis en cause. La déclaration DORA de 2012, désormais signée par plus de 2000 organisations scientifiques, dont l’ASSH, et par 16 000 chercheuses et chercheurs, recommande d’évaluer le travail scientifique à partir de critères plus diversifiés. Un rapport de Science Europe publié fin juillet recommande aux organisations de promotion de la recherche de fonder l’évaluation sur la qualité du travail et non sur des aspects purement bibliométriques tels que le facteur d’impact des revues. L’ASSH elle aussi a proposé par le passé plusieurs alternatives au système d’évaluation actuel, principalement basé sur des critères quantitatifs, et a réitéré cette démarche en 2019 dans ses Recommandations pour une promotion efficace des sciences humaines et sociales.

Le Fonds national souhaite une meilleure prise en compte de la diversité des parcours

Début août, le Fonds national suisse (FNS) a annoncé qu’il reprenait désormais dans l’encouragement des carrières les recommandations de la déclaration DORA, signée en 2014, et qu’il avait également adapté d’autres critères. « Dès à présent, toute personne qui soumet une requête doit éviter d’indiquer des facteurs d’impact », peut-on lire sur le site du FNS. À l’inverse, « d’autres prestations telles que la collaboration avec des partenaires, la communication avec le public, les lots de données, les logiciels, les brevets, les contributions à des conférences et les prix » seront davantage pondérées. En cela, le FNS suit dans une grande mesure les recommandations formulées par la Direction générale de la recherche et de l’innovation de la Commission européenne dans le rapport « Evaluation of research careers fully acknowledging Open Science practices » de 2017.

L’évaluation continuera à prendre en compte des indicateurs quantitatifs, qui ne seront cependant plus liés aux facteurs d’impact des revues. Autres nouveautés de l’évaluation : les modalités de calcul de l’« âge académique », qui dorénavant ne comprendra plus que le temps effectivement consacré à la recherche, déduction faite des interruptions et des activités non scientifiques, et la mobilité académique, dont la définition s’élargit. L’ensemble de ces ajustements rend les procédures de sélection plus équitables et permet de mieux prendre en compte la diversité des parcours professionnels, a conclu Marcel Kullin, chef de la division Carrières du FNS.