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Le Fonds national publie un rapport sur la relève scientifique

Heinz Nauer | Traduction : Fabienne Jan

Le Fonds national a interrogé quelque 3900 chercheuses et chercheurs de la relève issus de ses projets sur leurs conditions de travail. Il en ressort un bilan contrasté.

Heures supplémentaires non payées, insécurité structurelle de l’emploi, un système trop compétitif qui est en outre sujet aux abus de pouvoir. Plusieurs rapports publiés ces dernières années dressent un tableau précaire des conditions de travail du personnel scientifique dans les hautes écoles suisses. Le Fonds national suisse (FNS) présente à son tour un rapport. En février et mars, il a fait réaliser sur mandat un sondage auprès des personnes employées dans les hautes écoles et bénéficiant de subsides de sa part. Quelque 3900 chercheurs et chercheuses de la relève ont participé à l’enquête, dont environ 2100 doctorant·e·s, 800 postdoctorant·e·s et 1000 autres employé·e·s. Plus de 95% des doctorant·e·s et postdoctorant·e·s qui ont participé à l’enquête ont un contrat à durée déterminée.

Des activités stimulantes, mais peu de sécurité de l’emploi

Le rapport présente un tableau tout en nuances : quatre personnes interrogées sur cinq sont assez ou très satisfaites de leurs conditions de travail générales et de leur environnement social. Les exigences intellectuelles, le contenu des tâches et le degré de responsabilité sont également évalués positivement (fig. 1). Les postdoctorant·e·s et les doctorant·e·s interrogé·e·s ont déclaré pouvoir consacrer en moyenne près de 75% de leur temps de travail à la recherche (pour les sciences humaines et sociales, ce chiffre est de 68% pour les postdoctorant·e·s et de 72% pour les doctorant·e·s).

En ce qui concerne la sécurité de l’emploi et la charge de travail, les réactions sont plus mitigées. 55% des postdoctorant·e·s interrogé·e·s et 44% des autres collaborateurs et collaboratrices sont très ou assez insatisfaits de la sécurité de leur emploi. Près de 60% travaillent davantage que le nombre d’heures contractuel et la plupart ne peuvent pas compenser les heures supplémentaires. Par ailleurs, moins d’un cinquième des répondant·e·s ont déclaré être très ou assez insatisfaites de la charge de travail.

L’inconduite et la discrimination donnent à réfléchir

Les données recueillies sur la mauvaise conduite académique et la discrimination attirent l’attention. Près d’un·e postdoctorant·e sur cinq s’est déjà senti·e poussé·e à commettre des fautes académiques, et près d’un·e sur trois a déclaré avoir observé cela chez d’autres (fig. 2). 8% des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes de discrimination ou de harcèlement dans leur poste académique actuel, et 17% dans le groupe des femmes postdoctorantes (fig. 3). La discrimination fondée sur le sexe a été le plus souvent mentionnée, suivie par le racisme et la discrimination fondée sur l’âge. Ces chiffres sont élevés, mais légèrement inférieurs à ceux d’enquêtes similaires. Par exemple, dans une enquête menée en 2021 à l’Université de Genève, plus de 20% du personnel scientifique a déclaré avoir déjà été harcelé.

Prise de conscience croissante des conditions de travail problématiques

Le paysage suisse des hautes écoles est un système complexe avec de nombreux acteurs, dans lequel les responsabilités se dispersent facilement. L’«Early Career Researcher Survey» du FNS peut être lu comme un document témoignant d’une prise de conscience croissante des conditions de travail parfois problématiques du corps intermédiaire académique. « Le monde académique doit s’adapter aux exigences du marché du travail actuel, notamment aux attentes des nouvelles générations en termes d’indépendance et de perspectives », souligne la directrice du FNS Angelika Kalt dans un communiqué. À l’avenir, la situation des chercheurs et chercheuses de la relève devra être suivie de manière plus systématique.

À propos du rapport

L’enquête a été réalisée en février et mars 2022 par le Centre de compétences suisse en sciences sociales Fors, sur mandat du FNS, sous la forme d’un sondage écrit en ligne. Le groupe cible comprend les chercheurs et chercheuses de la relève (early career researchers) qui travaillaient à ce moment-là dans un projet financé par le FNS. Au total, 9037 personnes ont été contactées. Le taux de réponse a été de 46,6%. Les résultats de l’enquête renseignent sur la situation d’un groupe spécifique au sein du corps intermédiaire académique et non sur l’ensemble du corps intermédiaire, dont le nombre est estimé à environ 40 000 personnes en Suisse. 

vers le rapport d’enquête (en anglais)