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Berne, 11.06.2021 – Comment voulons-nous traiter les monuments que nous trouvons dérangeants ? La réponse à cette question se voit souvent réduite à deux options : « Tout doit dégager » ou « Can’t Touch This ». Afin d’échapper à cette logique binaire, l’Académie suisse des sciences humaines et sociales (ASSH) lance un concours. Elle invite à proposer des idées comment on pourrait changer des monuments pour qu’ils puissent susciter une réflexion constructive sur le passé et le présent. Toute personne ressentant un désir aigu de changer un monument suisse peut y participer. Les trois meilleurs projets et le prix du public seront dotés de 1000, 600, 400 et 200 francs.

Les monuments en disent long sur les sociétés qui les ont érigés. Ils représentent l’interprétation et la conception artistique d’un fait – le plus souvent à travers ceux qui ont su imposer leurs points de vue et leurs succès de manière dominante dans la société. Mais les sociétés, leurs interprétations et leurs sensibilités esthétiques changent, tandis que les monuments, eux, restent tels quels. Cela crée des tensions et peut nous amener à percevoir les monuments comme étant sans intérêt, obsolètes ou même dérangeants. Depuis l’Antiquité tardive jusqu’à aujourd’hui, nous trouvons des exemples très différents de la façon dont les gens réagissent dans ces cas-là. Cela va de l’explication des monuments sur une plaque jusqu’au déboulonnement des statues, où les décombres restent par terre, sont archivés ou même jetés à l’eau pour les faire disparaître (pour ne citer que quelques exemples). 

Cependant, la destruction ou l’élimination des monuments est tout autant une démonstration de pouvoir que ne le sont leurs messages souvent dépassés, voire contestables. Croire que la destruction des traces matérielles conduit à un monde meilleur peut même s’avérer naïf. Car le passé saillit dans le présent et forme, avec la culture, un réservoir d’options qui peuvent être activées à tout moment. Partie de la campagne « Penser un mo(nu)ment ! » de l’ASSH, le concours appelle ainsi à se pencher sur le passé et ses traces de manière constructive et créative.

Justification, créativité, représentation artistique

Les participantes et participants choisissent un des 24 monuments du jeu de cartes numérique ou un autre monument qui, selon eux, transmet un message contestable. Chaque contribution comprend une représentation artistique des changements proposés pour transformer le message du monument choisi, ainsi qu’une justification écrite. La justification, la créativité et la représentation artistique auront le même poids dans l’évaluation par le jury. Un argumentaire irréfutable ou une originalité particulière peuvent donc compenser de modestes capacités artistiques et vice-versa.

Le concours est ouvert jusqu’au 1er octobre 2021.