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Les êtres humains disposent d’une grande capacité à sonder et à examiner les possibilités. Nous pouvons réfléchir à ce qui est imaginable dans le monde et à ce dont nous sommes capables. Un vaste champ s’ouvre alors à nous, avec de nombreux scénarios. La figure de l’alternative facilite la vue d’ensemble. Étymologiquement, il s’agit d’un choix entre deux possibilités, s’excluant l’une l’autre, dans le sens d’un «ou bien… ou bien…». Par extension – ou par abus de langage – une alternative sert aussi à désigner une option parmi deux ou plusieurs, qui peut paraître moins conventionnelle. Et parfois, il semble qu’il n'y ait tout simplement pas d’alternative.

Dans l’entre-deux-guerres, Samuel Beckett commence un roman par cette phrase: «The sun shone, having no alternative, on the nothing new.» Si nous ne voulons pas céder au fatalisme, mais garder l’espoir d’un avenir possible, la question qui se pose à nous est de savoir comment comprendre le monde pour pouvoir le changer. Les contributions rassemblées dans le dossier thématique du nouveau Bulletin illustrent de manière exemplaire l’importance de la capacité humaine à penser en termes d’alternatives et à anticiper les situations futures.

La figure de l’alternative non seulement est au centre du dossier thématique, mais elle se retrouve tout au long du numéro, tel un fil rouge. Dans sa rubrique, le sociologue Sandro Cattacin se prononce en faveur d’une politique alternative de libre accès qui tienne également compte du savoir-faire des éditeurs d’ouvrages scientifiques qui ont fait leurs preuves. Et la spécialiste de géographie humaine Nora Buletti plaide pour une plus grande diversité de perspectives dans l’aménagement du territoire urbain. À propos de perspectives: l’artiste bâlois Dirk Koy les renverse au point de nous désorienter. Vous trouverez un aperçu de son travail dans le recueil d’images au centre du Bulletin.

Animations
• The Ugly Sweet
• Shape study 06
• Fixed 02
• Shape study 07
• Get Ready! (Warning: Flashing Lights)
• Shape study 16

Si l’on modifie le quotidien, si l’on détourne l’ordinaire, c’est la particularité qui devient manifeste. Tout pourrait être différent. Mais où et comment ? L’artiste et motion designer bâlois Dirk Koy s’intéresse aux interfaces entre monde numérique et monde analogique, entre réel et virtuel, entre naturel et artificiel. Mais par-dessus tout, c’est le mouvement qui l’attire. « Plus ça bouge, mieux c’est », confie-t-il.

Dans ses Shape Studies de 2019, dont nous présentons ici une sélection, Dirk Koy s’est intéressé aux différentes manières dont une forme peut être représentée, dans toutes ses manipulations et distorsions, qui renversent la perspective du spectateur jusqu’à le désorienter. Il s’agit d’une expérimentation en boucle, d’un imagineering de ce que l’on trouve naturellement et qui est ici sans cesse recomposé, coulé sous de nouvelles configurations, par le truchement de techniques mêlant design graphique, image animée et design interactif.